Galerie des Modernes

En | Fr

Man Ray

Dada, Surréalisme, Photographie, Solarisation, Rayographie, Montparnasse

(Philadelphie, 1890 - Paris, 1978)

Emmanuel Radnistsky, mieux connu sous le pseudonyme de Man Ray, est né à Philadelphie en 1890 de parents d’origine juive-russe. En 1897, la famille s’installe à New-York et Man Ray, à peine âgé de sept ans, commence à dessiner et à peindre. Son père voulait qu’il devienne architecte mais Man Ray arrête ses études et commence à faire divers métiers : apprenti dans un atelier de gravure, dessinateur dans une agence de publicité, ou encore graphiste. A partir de 1910, Man Ray suit des cours de dessins d’après nature. Il sort et découvre la vie culturelle newyorkaise, il fréquente les théâtres et opéras, va voir des expositions et découvre les galeries d’art de la Cinquième avenue, notamment celle d’Alfred Stieglitz, le plus grand promoteur de la création moderne à New York, qui expose dès 1910 des artistes comme Cézanne, Matisse et Picasso.

En 1913, Man Ray assiste à l’Armory Show et découvre les créations d’inspiration cubiste. Il commence alors à peindre des œuvres d’influence cubiste, dont le portrait qu’il fait d’Alfred Stieglitz où on peut voir les premières recherches et approches cubistes de Man Ray. Mais l’artiste réalise principalement des paysages de constructions géométriques, d’influence cézannienne, tandis que la richesse chromatique est largement inspirée des œuvres de Matisse. Cette même année, Man Ray réunit autour de lui poètes et artistes, et forme ainsi toute une communauté artistique d’avant-garde. Il rencontre notamment la poétesse belge Adon Lacroix (pseudonyme de Donna Lecoeur) qui devient sa femme et sa principale initiatrice à la poésie moderne. Dés 1914, Man Ray décide de ne plus peindre d’après nature. Son œuvre Man Ray de 1914, une huile de petit format sur papier compressé, a pour seul et unique motif une date – 1914 – et un nom – Man Ray. Les éléments non figuratifs sont de plus en plus présents dans ses œuvres. L’artiste peint des surfaces géométriques en appliquant des aplats de couleurs vives. Man Ray teste également la technique de l’aérographie, à savoir la pulvérisation de peinture sur un support à l’aide d’un pistolet. En utilisant cette technique, Man ray fait ses premiers pas vers le mouvement Dada qui veut, par l’utilisation de techniques diverses, sortir l’art du système établi. Comme le veut le mouvement Dada, Man Ray est largement guidé par sa fantaisie. Son humour est pour lui la meilleure façon d’accéder à la liberté, et être libre et affranchi des conventions artistiques classiques est le meilleur moyen de créer.

Au moment où ses œuvres évoluent vers l’abstraction,il emploie égalemenent le concret par l’intégration d’objets réels à certaines de ses toiles. Man Ray ne détourne pas les objets comme peut le faire Marcel Duchamp, il les émancipe simplement de leur quotidien et leur donne une nouvelle existence, libèrée de toute forme de rapport conventionnel. Man Ray nous prouve ainsi que l’objet le plus simple et le plus usuel, comme un fer à repasser, peut se révéler le plus onirique, comme l’atteste sa célèbre création Le Témoin de 1971.

Dés 1915, il expose pour la première fois ses peintures et des dessins lors d’une exposition personnelle à New York. En 1916, il fréquente, accompagné entre autres de Marcel Duchamp et de Picabia, les réunions artistiques organisées par le poète et collectionneur d’art moderne Walter Arensberg. C’est alors que Man Ray, Walter Arensberg et Duchamp fondent la Société des Artistes Indépendants.

Dans les années 1920, Man Ray révolutionne la photographie en mettant au point la technique de rayographie. Cette technique d’enregistrement devenue classique est un moyen de faire des photographies sans appareil photo. La rayographie, procédé mis au point par accident, au hasard de développements photographiques, donne aux clichés un aspect fantomatique. Les effets tridimensionnels des ombres des objets rendent compte d’une réalité inconnue.

En 1921, Man Ray arrive à Paris et fréquente le groupe Dadaïste d’André Breton, Soupault, Ernst, Eluard et Tzara. Man Ray emménage à Montparnasse et rencontre Alice Prin, plus connue sous le nom Kiki de Montparnasse, qui deviendra sa compagne, sa muse et son modèle principale. La même année, Man Ray et Duchamp publient un numéro unique de la revue NY Dada

En 1922, pour gagner sa vie, Man Ray se voit obligé de se consacrer à la photographie et de renoncer pour un temps à la peinture. C’est alors que lui et Marcel Duchamp expérimentent de plus en plus la photographie, ainsi que la cinématographie. Les deux artistes fondent même la Société Anonyme Inc., une sorte de musée d’art contemporain ouvert au public. A la même période, sa production photographique devient de plus en plus conséquente et Man Ray fait des portraits de nombreuses personnalités comme Meret Oppenheim ou encore Dora Maar, ainsi que de ses amis artistes comme Duchamp, Tzara, Artaud, Ernst ou encore Breton. Man Ray réalise également des photographies de mode pour le couturier Paul Poiret et plus tard pour Vogue. En 1923, il réalise également son premier film, Le Retour à la Raison.

En 1924, il assiste à la formation du groupe Surréaliste à Paris. Man Ray participe aux manifestations et évènements du groupe, aux grandes expositions collectives et fréquente des artistes comme André Breton et Paul Eluard, grandes figures du surréalisme. Il collabore également à la revue surréaliste La Révolution Surréaliste. En 1925, il participe à la première exposition surréaliste à Paris qui a lieu à la Galerie Pierre et qui réunit des artistes comme Jean Arp, Max Ernst, André Masson, Joan Miro ou encore Picasso.

En 1931, Man Ray réexpose à la lumière un négatif photographique par erreur : c’est le début de ses Solarisations. Il approfondit alors ce rendu et créer un nouveau procédé photographique. Ses clichés, majoritairement des nus féminins, s’auréolent d’un nimbe lumineux, sorte de halo poétique. Cette solarisation répond à l’exigence surréaliste de fusion entre l’imaginaire et le réel. Entre onirisme et érotisme, ces Solarisations satisfont le désir de l’artiste de « photographier les rêves ». Avec ses Solarisations, Man Ray entre d’avantage dans le mouvement surréaliste. Il participe à plusieurs expositions collectives surréalistes, notamment à Londres (Exposition Surréaliste Internationale en 1936 et Surrealist Paintings, Drawings & Objects) et à Paris (Exposition Objets Surréalistes de 1936 et Exposition Internationale du Surréalisme à la galerie des Beaux-Arts de Paris), ainsi qu’à l’exposition Fantastic Art, Dada et Surrealism organisée au Musée d’Art Moderne à New York. En 1937, la galerie Jeanne Bucher lui organise une grande exposition personnelle.

En 1940, durant l’Occupation à Paris, Man Ray retourne aux Etats-Unis et s’établit à Hollywood. Durant les années 1940, il organise alors plusieurs expositions individuelles à Los Angeles, San Francisco et New York. En 1946, il participe à l’exposition Pionniers de l’art moderne en Amérique organisée par le Whitney Museum à New York.

En 1951, l’artiste revient à Paris. De 1953 à 1960, toute une série d’expositions personnelles lui est consacrée à Los Angeles, Paris et New York. De 1957 à 1960, Man Ray participe à plusieurs expositions en hommage au Dada et au Surréalisme, aussi bien à Paris, Amsterdam ou encore Düsseldorf.

En 1961, à l’âge de 71 ans, il reçoit son premier prix : la médaille d’or de la photographie à la Biennale de Venise. En 1966, sa première grande rétrospective est organisée à Los Angeles au County Museum of Art. Durant les années 1970, de nombreuses rétrospectives et expositions personnelles lui sont consacrées à travers le monde, des Etats-Unis au Japon, en passant par l’Italie et la France. Deux ans avant sa mort, Man Ray revient à la Biennale de Venise de 1976 et présente pas moins de 176 photographies.

Toutes les personnalités et artistes de cette époque se sont pressés devant son objectif. Man Ray caractérise l’idée même de l’artiste d’avant–garde : inventivité, audace, imaginaire et remise en question de l’art. Intuitif par l’utilisation des objets, imprévisible par la technique de rayographie de ses photographies, il est le témoin de toute une époque artistique.

en savoir plus

Œuvre(s)